De la Glasshütte à B S N

Vallées profondes et fécondes, offrant leur richesses, bois de hêtres, eau, sable, fougères, à de laborieux verriers, les vallons de la Saint-Nicolas (Rougemont le Château), de Saint-Antoine (Plancher les Mines) et de Miellin ont connu au 18ème siècle une activité importante . Plus de traces tangibles, hormis quelques lieux-dits (Glasshütte, La Verrerie), et quelques débris de verre ou de débris de terre cuite qu’un cultivateur ou un forestier trouve sous son outil. Les verreries existaient et prospérèrent à l’époque où seul le bois était la source d’énergie permettant la fusion du verre.

Matière première pour celui-ci, le sable de nos rivières, riche en oxyde de fer, donnait au verre une teinte verdâtre. L’adjonction du « salin », potasse obtenue par le lessivages des cendres végétales, branchages, herbes et surtout fougères, permet la vitrification de la silice et clarifie le verre obtenu. Dès 1700 on produisait sur les bords du Doubs, puis dans nos vallées du massif du Ballon, des bouteilles, de la gobeleterie et du verre à vitres. Les terres de ces lieux, à l’époque terres d’Eglise, en particulier possessions de l’abbaye de Murbach, étaient louées aux maîtres verriers , qui faisaient fructifier des espaces inexploités souvent du fait de leur éloignement ; ils y trouvaient sable, eau, bois de chauffage, bois et pierres de construction, c’était également des terrains où les familles ouvrières pratiquaient la pâture et la glandée.

N’étant pas propriétaires, les verriers restent en marge de la communauté villageoise : ce sont des étrangers, itinérants, souvent ne parlant pas la langue. Ce n’est que l’embauche d’ouvriers, bûcherons ou domestiques qui favorise les unions avec les indigènes.

Un marchand savoyard, néanmoins, venu commercer avec la production de la verrerie de Saint-Antoine, Joseph Neuvesel, épouse Anne Catherine Raspiller, la fille du maître verrier Melchior Raspiller. C’est lui qui, apprenant en famille le travail du verre, ira développer cette activité en Haute-Loire. Ses  descendants s’allièrent par la suite à d’autres entrepreneurs pour former la société B S N (Boussois Souchon Neuvesel).

Un savoir-faire acquis dans nos montagnes, fruit séculaire que des générations de familles ont amélioré aux cours de leurs pérégrinations jusqu’à devenir les moteurs d’industries à présent réputées, Verreries et Cristalleries Lorraines, Ets Villeroy et Boch en Sarre et l’actuelle multinationale B S N.

Source : Le Ballon d'Alsace, éditions NEO